Cliniques privées : gouvernement aux petits soins29/05/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/05/une_2913-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1262%2C1644_crop_detail.jpg

Leur société

Cliniques privées

gouvernement aux petits soins

Annoncée bruyamment il y a deux mois par la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), la « grève » des cliniques privées n’aura pas lieu. Le gouvernement a satisfait illico leurs revendications.

La grève en question n’était pas celle des salariés, soignants ou administratifs des cliniques et hôpitaux privées, mais celle des médecins libéraux intervenant dans ces cliniques, et souvent eux-mêmes actionnaires. Il s’agissait en quelque sorte d’une grève patronale organisée et popularisée par les directions des hôpitaux privés elles- mêmes. S’il existe toutes sortes de cliniques privées, y compris des petites à la trésorerie fragile, le secteur est dominé par trois mastodontes. La FHP défend d’abord les intérêts des groupes Ramsay Santé, Elsan et Vivalto, qui détiennent 300 cliniques en France, emploient 50 000 salariés et consacrent leurs bénéfices à racheter sans cesse de nouvelles cliniques.

La FHP protestait contre la revalorisation annuelle des tarifs des actes médicaux, qui sert de base au remboursement par la Sécurité sociale. Alors que cette revalorisation était de 4,3 % en moyenne dans le public, elle n’était que de 0,3 % dans le privé. Mais la différence est trompeuse : les actes réalisés dans le public sont en général plus lourds (greffes ou soins palliatifs) et moins standardisés que dans le privé, qui réalise beaucoup d’opérations standard ou sans hospitalisation.

Devant le chantage, le gouvernement a sorti le chèquier. Il va distribuer dès le 1er juillet une enveloppe de 80 millions d’euros pour financer les gardes de nuit et de week-end des médecins. Et il va supprimer un coefficient de minoration qui s’appliquait aux tarifs des hôpitaux privés car ces derniers bénéficient du CICE, le crédit d’impôt pour la compétitivité et l’emploi. Pour eux c’est Noël !

De leur côté, les syndicats de médecins libéraux, qui interviennent dans les cliniques et s’étaient associés à l’appel à la grève, ont obtenu une augmentation du tarif de leurs consultations et de divers actes techniques, qui entrera en vigueur progressivement d’ici juillet 2025.

Sans surprise, le gouvernement, qui traite les travailleurs de « preneurs d’otages » dès qu’ils se mettent en grève pour se défendre, est aux petits soins quand des patrons, petits et grands, dans l’agriculture ou la santé, en brandissent seulement la menace. Quant aux salariés des cliniques privées, ils ne verront la couleur de ces millions d’euros ni dans leurs salaires, ni dans leurs conditions de travail.

Partager