États-Unis : les travailleurs face à l’inflation25/09/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/09/une_2930-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C0%2C1271%2C1649_crop_detail.jpg

Dans le monde

États-Unis

les travailleurs face à l’inflation

La grève de 33 000 salariés des usines Boeing du nord-ouest des États-Unis dure depuis le 13 septembre. Grâce à leur décision de rejeter l’accord que le syndicat avait négocié avec la direction, ces travailleurs peuvent espérer des augmentations de salaire allant au- delà des 25 % étalés sur les quatre prochaines années qui avaient été signés.

Au bout d’une semaine de grève, la direction a commencé à céder, proposant 30 % d’augmentation et affirmant que cette offre serait « la meilleure et la dernière ». Le président du syndicat IAM a salué cette première concession du patron en déclarant que « cela montre que les travailleurs de Boeing avaient raison dès le départ ». Il oublie de préciser que, quinze jours auparavant, son syndicat leur avait recommandé de voter en faveur des 25 %, expliquant : « Nous ne croyons pas pouvoir obtenir plus par la grève. » L’appareil syndical avait ainsi joué sa partition dans la propagande d’un des deux principaux constructeurs d’avions au monde se présentant aux yeux du public comme au bord du gouffre et demandant à ses salariés de modérer leurs exigences.

Il est vrai que Boeing traverse des turbulences car des années d’économies dans la sécurité ont fini par provoquer quelques crashs aériens meurtriers et beaucoup d’autres accidents moins graves mais très inquiétants. Un nouveau PDG vient d’être nommé avec l’espoir d’améliorer, sinon la sécurité des avions construits, du moins l’image de la firme. Les bénéfices annoncés par Boeing sont passés de 19,7 milliards de dollars en 2018 à 4,5 milliards l’année suivante. Puis l’entreprise a déclaré 5,6 milliards de pertes en 2020, année du Covid marquée par l’arrêt des transports aériens. Mais depuis les bénéfices ont repris leur pente ascendante et se sont chiffrés à 7,7 milliards l’an dernier. Au final, depuis 2011, Boeing a dégagé au total 132 milliards de dollars de profits, ce que n’ignorent pas les grévistes.

Ceux-ci savent aussi ce que coûte la vie quotidienne aux États-Unis après quatre ans d’inflation : les prix ont officiellement bondi de 22 %, et de 30 % dans l’alimentation. Ils se souviennent avoir été brutalement licenciés, ainsi que des millions d’autres salariés, lorsque les grandes entreprises ont vu la machine économique se gripper durant la pandémie. Aujourd’hui, pour les grévistes, il n’est plus question de se sacrifier pour que les gros actionnaires voient leur fortune progresser toujours plus.

Ce mécontentement se reflète aussi chez les 5 000 ouvriers de deux usines Textron de réparation d’avions situées au Kansas, qui viennent de commencer une grève. Là aussi les grévistes ont rejeté une augmentation de 25 % des salaires, jugée bien trop faible, prévue dans le nouveau contrat que leur patron a calqué sur celui de Boeing. Les revendications salariales sont aussi à la base de la grève de 17 000 travailleurs des télécommunications d’AT & T qui se déroule dans neuf États depuis un mois.

Avec raison, ces travailleurs font bien plus confiance pour défendre leurs intérêts à leur grève et à la pression qu’ils exercent sur les gros capitalistes qui les exploitent qu’aux promesses de campagne d’une Harris ou d’un Trump.

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