Sahara occidental : Macron attise le conflit07/08/20242024Journal/medias/journalarticle/images/2024/08/sahara.png.420x236_q85_box-0%2C108%2C650%2C473_crop_detail.jpg

Dans le monde

Sahara occidental

Macron attise le conflit

Dans une lettre adressée fin juillet au roi du Maroc, Macron lui écrit que le plan d’autonomie du Sahara occidental élaboré par le gouvernement marocain est « la seule base pour aboutir à une solution politique juste, durable… ».

Illustration - Macron attise le conflit

Le président français ajoute que « le présent et l’avenir du Sahara occidental s’inscrivent dans le cadre de la souveraineté marocaine », et choisit ainsi de se rapprocher ostensiblement du Maroc, au risque de provoquer une nouvelle crise avec l’Algérie.

Les avantages économiques et géostratégiques recherchés par l’impérialisme français avec ce nouveau positionnement apparaissent clairement : il s’agit de renforcer l’alliance avec le régime marocain pour compenser la récente perte d’influence de la France dans les pays du Sahel. Il s’agit aussi de favoriser les intérêts de divers grands patrons français dans ce pays où ils sont très implantés, mais de plus en plus mis en concurrence avec d’autres. La situation et l’opinion de la population sahraouie ne comptent évidemment pour rien dans cette prise de position.

Le Sahara occidental est resté une colonie espagnole jusqu’en 1975. Il offrait aux impérialismes espagnol et français une ressource importante en phosphates et divers autres avantages, comme la possibilité de pêcher au large de ses côtes très poissonneuses. C’est pour les mêmes raisons qu’il a ensuite été l’objet d’une guerre entre ses trois voisins, le Maroc, la Mauritanie et l’Algérie, cette dernière soutenant le Polisario, organisation indépendantiste sahraouie créée en 1973 pour mettre fin à la colonisation espagnole, mais aussi pour empêcher le rattachement au Maroc ou à la Mauritanie.

La guerre a duré de 1975 jusqu’au cessez-le-feu de 1991 sous l’égide de l’ONU, assorti de la promesse qu’un référendum sur l’indépendance serait organisé auprès du peuple sahraoui. Ce référendum n’a jamais eu lieu, et il devient de moins en moins envisageable à mesure que les États impérialistes se rangent du côté du Maroc, comme l’ont fait les États-Unis en 2020, l’Espagne en 2022, et la France maintenant.

Aujourd’hui, le Maroc occupe militairement la partie Ouest de ce territoire, soit 80 % de la superficie totale, alors que la partie Est est sous contrôle du Polisario. À partir de 1980, le régime marocain a érigé entre les deux zones un mur long de 2 700 km, contrôlé par 100 000 soldats. Le Sahara occidental continue d’être l’enjeu d’affrontements armés sporadiques entre le Polisario et l’armée marocaine, et la source de tensions constantes entre Algérie et Maroc.

Cette situation coûte très cher à la population sahraouie, qui pour une part subit une dictature encore plus féroce que le reste de la population marocaine, pour l’autre part survit depuis près de cinquante ans dans des camps de réfugiés. Elle a aussi bien des conséquences néfastes pour les peuples algérien et marocain : alors qu’ils subissent de plein fouet les effets de la crise économique mondiale et plongent dans la misère, leurs dirigeants continuent à dilapider l’argent public dans l’achat d’armes. L’Algérie y a consacré 18,3 milliards d’euros en 2023, le Maroc 5,2 milliards, les deux pays totalisent 45 % du total des achats d’armes en Afrique.

Le plus grave est que les deux régimes se servent de la tension qu’ils entretiennent au Sahara occidental pour dresser les deux peuples l’un contre l’autre, les séparer par une frontière de plus en plus infranchissable et créer dans chaque pays un sentiment d’union nationale destiné à détourner la colère populaire et étouffer toute contestation.

Les peuples algérien, marocain et sahraoui sont tous soumis à des régimes répressifs et aux conséquences des difficultés économiques. Mais en fait, bien des liens les unissent et ils devront trouver le moyen de coopérer contre leurs oppresseurs et contre les manœuvres de l’impérialisme, français en particulier.

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