Terrena – Ancenis : ne pas perdre sa vie à la gagner05/06/20242024Journal/medias/journalnumero/images/2024/06/une_2914-c.jpg.445x577_q85_box-0%2C7%2C1265%2C1644_crop_detail.jpg

Dans les entreprises

Terrena – Ancenis

ne pas perdre sa vie à la gagner

Basée à Ancenis, en Loire-Atlantique, Terrena est une grosse coopérative agricole de 13 000 salariés au chiffre d’affaires élevé de 5,5 milliards d’euros. Elle est réputée pour des conditions de travail difficiles et dangereuses.

Ces dernières années, un nombre élevé d’accidents mortels du travail ont eu lieu, sans que cela fasse la une des grands moyens d’information, y compris sur la région.

Ainsi, en décembre 2009, un employé au nettoyage des chaînes de découpe est mort asphyxié par des émanations toxiques dans l’abattoir de la société Elivia, filiale de Terrena au Lion d’Angers. En juillet 2011, un manutentionnaire de 19 ans est mort écrasé par un muret mobile sur le site Terrena de Saint-Mathurin-sur-Loire. En janvier 2016, sur le site Terrena d’Écouflant près d’Angers, un salarié âgé de 52 ans qui travaillait de nuit a été écrasé par un godet et a succombé à ses blessures. En février 2017, un ouvrier est mort écrasé par le palettiseur qu’il nettoyait à l’usine d’aliments d’Ancenis.

Déjà, en 2013, un employé de 28 ans avait trouvé la mort à la CCPA, site de fabrication de pré-mélanges d’additifs pour l’alimentation animale, à Janzé, au sud-est de Rennes, happé par cette machine qui permet de charger le contenu d’une palette. Terrena étant actionnaire de la CCPA, un de ses dirigeants participait chaque trimestre à son conseil d’administration, et l’entreprise avait été informée de cet accident mortel. Malgré cela, rien n’a été fait sur le site d’Ancenis pour éviter qu’un nouveau drame se produise.

Chaque fois que les familles ont attaqué en justice pour faire reconnaître la responsabilité de l’entreprise, celle-ci a été condamnée pour manquement aux règles de sécurité.

Mais cela n’a pas été sans mal car, non contente de mettre la vie des salariés en danger, l’entreprise use de tous les moyens juridiques pour contester les jugements qui la condamnent.

Ainsi, concernant l’accident de 2017, ce n’est que récemment que la responsabilité de l’entreprise a été confirmée après trois procès : la famille a dû passer successivement par le tribunal correctionnel de Nantes en 2020, la cour d’appel de Rennes en 2021, la Cour de cassation en mars 2023 avant d’aboutir tout récemment, fin mai 2024, à la condamnation par la cour d’appel de Rennes. Tout cela sans moyens financiers pour payer des avocats ! Au bilan, à chaque étape de la procédure, la responsabilité et la dangerosité de l’entreprise ont été établies. Mais, comme toujours en pareil cas, la condamnation est dérisoire. Bien que le jugement ait relevé la récidive de l’entreprise en ce qui concerne le non-respect des règles de sécurité, elle s’en sort avec une amende de 30 000 euros.

À Terrena comme ailleurs, les travailleurs de l’entreprise devront imposer à la direction le respect de leur sécurité.

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